Méditation sur la crise actuelle

Toute crise est une opportunité !

Ce titre provocateur est une manière de dire sous une autre forme la phrase, tout aussi provocatrice de St Paul « réjouissez-vous en toutes circonstances ». Oui, cette crise du covid offre, en particulier, l’opportunité de voir comment l’Eglise réagit et s’adapte à cette situation. Quand on entend le mot « Eglise » ce qui vient très souvent en premier à l’esprit, c’est l’Eglise institution. C’est le Vatican, les Evêques, les prêtres, voire les diacres… Mais ce premier jet de l’esprit, nous fait souvent oublier que l’Eglise c’est d’abord et avant tout, chacun de ses membres. L’Eglise c’est nous, c’est en particulier le cas de chaque personne qui, à l’instant même, lit ces quelques lignes.

Comment nous, membres de l’Eglise, avons-nous réagi, comment nous sommes-nous adaptés à cette situation inédite ? La première réponse qui me vient, c’est que l’Eglise est devenue davantage universelle. Le confinement a conduit beaucoup d’entre nous à découvrir toute « l’offre catholique », disponible sur le net. Incroyable créativité, prise d’initiative de très nombreux curés, proposant d’offrir Dieu, via les différents réseaux sociaux, chacun avec son charisme et ses moyens. Les frontières des paroisses, parfois trop étanches, ont disparu, permettant à chaque chercheur de Dieu, de trouver ce qui lui correspondait le mieux, et ainsi de maintenir le contact avec l’Eglise universelle. On me dira qu’il n’y a pas d’opportunité sans risque. C’est vrai, et on peut en y imaginer quelques-uns, notamment celui de vouloir absolument trouver dans la paroisse, ce qui a été vu ailleurs. On me dira que certains curés n’ont rien fait. Qu’en savons-nous, toute action de charité n’est pas visible sur Youtube. Retenons le positif et tout ce que cette période a pu apporter de riche par la nouveauté, par la création d’un lien renouvelé, enrichi, avec Dieu. Comment ne pas voir dans tout cela une formidable opportunité, de réfléchir sur la base de ces éléments nouveaux afin de construire l’Eglise de demain ?

La seconde observation est une blessure. Blessure de voir comme cette période a pu diviser le peuple catholique. Division sur les mesures barrières, entre les partisans du strict respect et ceux d’une application plus mesurée. Division sur la communion dans la main. Division sur l’attitude à adopter vis-à-vis de l’attitude inacceptable du gouvernement, à notre égard. Division à propos des initiatives de tel ou tel curé, et du manque d’initiative d’autres.

Chaque personne a sa sensibilité, son point de vue. Il n’est pas question de juger, on ne connaît pas l’histoire de chacun. Mais ce qui blesse l’Eglise, et qui donc blesse chacun d’entre nous, membres de l’Eglise, c’est lorsque ces divisions s’expriment à peine sorti d’une messe, comme si le Christ n’était pas venu pour nous apporter la paix. C’est lorsqu’on les retrouve sur les réseaux sociaux, privés ou publics. C’est lorsque les propos expriment de la défiance vis-à-vis de l’Eglise mère des croyants, avant de manifester de l’Amour.

Faut-il ne plus rien dire ? Non évidemment car la critique permet de se remettre en question ! La critique est donc nécessaire, elle doit être formulée, après avoir réfléchi à l’intention de notre démarche. Avant de porter un avis sur telle ou telle situation, nous pouvons nous interroger sur notre amour de l’Eglise, sur notre amour des prêtres qui ont donné toute leur vie pour l’Eglise, c’est-à-dire pour nous, sur notre amour de la communauté paroissiale.

La diable est souvent appelé le diviseur. Il nous faut sans cesse méditer cela, afin de rester vigilant.

Les mois à venir, vont probablement nous permettre de reprendre une vie plus « normale », et donc une vie plus paroissiale. Saisissons l’opportunité qui nous est offerte pour refaire corps, pour manifester notre unité, pour montrer à nos prêtres que nous les aimons avec leurs défauts. Prions pour que notre amour de l’Eglise soit renforcé, malgré toutes ses imperfections. Prions pour que chacun de nous fasse de cette crise une opportunité de faire l’unité !

 

Philippe Capoen, diacre