Nos églises, 4° visite : la chapelle Saint Blaise à Rochefort en Valdaine.

La Chapelle St Blaise

Datant du XIVe siècle elle n’a pas de style marqué, mis à part son porche
d’entrée de style gothique, et a subi de nombreux remaniements.
Ancienne chapelle castrale,  elle devint par la suite église paroissiale elle dépendait initialement des
bénédictins de Notre Dame de Roquefort en Languedoc.
Lieu de sépulture de la famille seigneuriale des du Puy Montbrun (une tombe dans le chœur et une
autre dans la nef), son pourtour a servi de sépulture dès sa construction ainsi qu’en attestent les
fouilles archéologiques conduites en 1988. Aujourd’hui encore le vieux cimetière communal
s’inscrit dans son périmètre immédiat.
Il s’agit d’un bâtiment de 22 mètres de long sur 10 mètres de large, auquel s’adjoint une sacristie de
construction relativement récent (1880 environ). Elle est couverte d’un toit à double pente en tuiles
rondes du pays, reposant sur une voûte terrassée. Les murs latéraux sont soutenus par six
contreforts. Sur la façade s’inscrit le porche en ogive de style gothique ainsi qu’une rosace de
facture très simple.
Les façades ouest et sud ont été rénovées par des bénévoles de l’ACROCH et des jeunes des
chantiers internationaux de 1980 à 1985
L’arc triomphal séparant la nef du chœur atteste que la chapelle a subi bien des dégâts, notamment
lors des guerres de religion.
La clef de voûte initiale a été retrouvée fortuitement dans la porte latérale sud et les bases de l’arc
triomphal se situent à 60 cm du sol actuel. Lors de la reconstruction de la voûte au XVIIe siècle, les
déblais furent simplement étalés.
Dans cette même porte latérale qui resta murée jusqu’en 1995 furent également trouvés une statue
de la vierge à l’enfant datée du XIIIe siècle, une gargouille et une autre main de statue non
identifiée.

Lors des travaux de restauration du chœur en 2002, ont été mises à jour des peintures murales du
XIVe siècle, malheureusement fort détériorées lors de la restauration des enduits à diverses époques.
On peut néanmoins apercevoir, à gauche de l’autel et au-dessus de la petite crédence décorée d’un
arc trilobé (piscine liturgique), la silhouette du saint patron de ces lieux : Saint Blaise.

Le maître autel actuel date du XIXe siècle. Il a été donné par les moines d’Aiguebelle à la paroisse
de Rochefort, confirmant les liens liant celle-ci et l’abbaye d’Aiguebelle depuis des temps
immémoriaux. En effet c’est le premier seigneur connu de Rochefort, Gontard Loup, qui fit don
d’une partie de son fief pour permettre la fondation de l’abbaye en 1137.
Une inscription lapidaire dont un fragment est conservé à l’abbaye d’Aiguebelle et dont une copie a
été gravée en 1985 par Jean-louis Guillot, lorsqu’il était graveur sur pierre au Pègue, et installée
dans la salle noble du château de Rochefort, mentionne :
« vi kal. julii 1137 anno ab incarn xti m:c:xxx:vii, dedit gontarus lupi dominus rochefortislocum
istum abbatie morimondi ad abbatiam ibidem construendam in honorem beate marie ».
« Le VI des calendes de juillet 1137 après Jésus Christ, Gontard, fils de Loup, seigneur de Rochefort,
a donné ce lieu à l’abbaye de Morimond pour fonder une abbaye en l’honneur de la bienheureuse
Marie »
Selon l’abbé Muce, historien d’Aiguebelle, cette fondation donna lieu à un acte dont il donne la
traduction sans en préciser l’origine : “En même temps on dressa l’acte de fondation, lequel portait
que le haut et puissant Gontard, fils de Seigneur Loup, Seigneur de Rochefort et dépendances,
donnait volontairement et en pur don au Vénérable Père en Christ Othon Abbé de Morimond et à
ses religieux frères, la partie de sa seigneurie connue sous le nom de Saint-Jean, et les villages et
hameaux de ce tènement, avec la dominité franche, directe, et tous les droits qui y étaient attachés,
afin qu’ils établissent une abbaye en l’honneur de Notre Dame, la Bienheureuse Vierge Marie,
prétendant que les vénérables frères qui habiteraient cette abbaye priassent pour lui et les siens, pour
le succès de ses armes et le salut éternel de son âme.
Par une clause importante, il était convenu que, si à son retour de Palestine, le Seigneur Gontard,
par l’effet de guerres intestines et des violences de ses voisins, se trouvait dépossédé de ses autres
domaines et de sa seigneurie de Rochefort, les religieux de l’abbaye qu’il fondait seraient tenus de
le nourrir et d’entretenir, lui, son domestique et son cheval.
Cet acte, dont il ne reste que la tradition bien constante de la famille du Puy de Rochefort, et la
mémoire par fragments dans divers papiers, fut passé dans la grande salle du château de Rochefort,
en présence des religieux venus de Morimond et de plusieurs gentilshommes”.

L’histoire de la chapelle Saint-Blaise nous est très mal connue, seules les transformations apportées
au cours du XIXe siècle sont relatées dans les archives locales et plus particulièrement les travaux
effectués en 1828 et 1844.
Le devis estimatif de 1828 mentionne une cloison de bois séparant le chœur de la sacristie,
dispositif peu compatible avec les structures actuelles, sauf à supposer une sacristie des plus
réduites s’inscrivant dans la partie arrière du chœur. Ce fait est confirmé par le devis de 1844 qui
prévoit notamment la “construction d’une sacristie en pierres ou en briques en formant une
séparation par un galandage derrière l’autel dans lequel seront aménagées deux portes et qui sera
soutenu par une grande solive formant boudin et frise”. Ce même devis prévoit la réfection de
l’échelle montant au clocher, ainsi que la confection d’une porte pour le dit clocher ! Il s’agit en fait
du “chien assis” que l’on aperçoit encore de nos jours à l’angle sud-ouest de la toiture.
Ces mêmes devis nous apprennent qu’un banc en maçonnerie ceinturait la nef sur tout son pourtour,
la trace de son emplacement subsiste encore aujourd’hui.

L’ancienne cloche datait de l’an 1674. Pour un diamètre de 57 cm et une hauteur de 52 cm, anse non
comprise, elle pèse 150 kgs. Le sceau du fondeur est illisible. On peut lire sur sa robe :
« A FULGURE ET TEMPESTATE LIBERA NOS DOMINE . St BLASI ORA PRO NOBIS »
« De la foudre et de la tempête protège nous Seigneur. Saint Blaise priez pour nous »
Elle a été remplacée en 2005 par une nouvelle cloche coulée par les établissements Paccard, grâce
aux généreux dons des rochefortois et amis de Rochefort.

Les fonds baptismaux ont également été rénovés. Ils offrent un intérêt particulier par leur structure.
À notre connaissance, des fonds baptismaux de ce genre ne se retrouvent que dans une seule église
de la région à St Marcel Les Sauzet.

Abandonnée jusqu’à ces dernières années, la chapelle dut subir les outrages du temps et surtout les
actes de vandalisme et de malveillance commis par des visiteurs indélicats (chemin de croix
saccagé, fonds baptismaux et tabernacle défoncés, bénitier et grille du choeur emportés, pierre
d’autel et tombes profanées
Actuellement, grâce aux efforts de l’association “ACROCH”, association locale gestionnaire des
lieux, et au soutien financier de l’Eveil de la Valdaine, elle demeure affectée au culte. La messe y
est célébrée lors de la fête de saint Blaise, le 1er dimanche de février, et à l’occasion de la
cérémonie du 11 novembre. Mariages, baptêmes, funérailles y sont également célébrées.

Restauration de la chapelle Saint Blaise
par Alain Tillier, Architecte en chef des monuments historiques
L’ensemble du site du château, comprenant la chapelle, est aujourd’hui inscrit à
l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques.
Une étude réalisée en 1988 avait permis de proposer un programme de restauration
intérieure de la chapelle, dont les toitures et une partie des façades avaient déjà été
remises en état dans les année 1980 – 92. La première tranche de travaux, réalisée au
printemps 2002, a porté sur la restauration intérieur du chœur et de la sacristie ainsi que
sur la remise en état des contreforts extérieurs nord.
Le chœur est la partie la plus ancienne de l’édifice, il est à l’origine couvert d’une voûte
sur croisée d’ogives. Les destructions causées par les guerres de religions ont abouti au
remplacement par une voûte en berceau, édifiée en moellons enduits, sans doute dans la
première moitié du XVII ème siècle. Aucune sacristie n’existait à l’origine. Une
première sacristie a été construite au fond du chœur, les travaux ont permis d’en
retrouver la trace. La sacristie actuelle a été accolée au chevet à la fin du XIX ème siècle.
La nef actuelle, voûtée en berceau, a été entièrement reconstruite au XVII ème siècles
sans doute sur les fondations de la nef primitive et en réemployant le portail du XV ème
XVI ème siècle.
Les sondages réalisés en 1998 sur les parois et les voûtes ont permis d’établir que le
chœur avait conservé ses parements d’origine en pierre appareillée. Ces parements ont
été recouverts d’une couche d’enduit badigeonné de blanc, sans doute au XVII ème
siècle. Le piquetage des couches d’enduit a révélé quelques traces de décor peint. La
voûte du XVII ème siècle a été ré-enduite en laissant apparente, dans les angles, la trace
des anciennes retombées de la voûte d’origine.
Le sol, pavé de carreaux de ciment de la fin du XIX ème siècle, a été refait en dalles en
pierre de Puygiron. La dalle de marbre qui marque l’emplacement de la sépulture des
seigneurs de Montbrun a été conservée. Les travaux ont permis d’établir que le sol du
chœur et probablement de la nef a été relevé d’une quarantaine de centimètres, sans
doute au XVII ème siècle, afin d’installer un ou plusieurs caveaux entre le rocher et le
dallage. Une dalle amovible à l’angle nord-ouest du chœur permet désormais de visiter
un des bases moulurées de l’arc triomphal.
L’autel du XIX ème siècle a été conservé, en supprimant les colonnettes qui en défiguraient la face principale.

Saint Blaise

Ce dernier, évêque de Sébaste en Arménie, est un de ces saints populaires dont la renommée a
franchi les mers et qui, grâce à leur légende, ont réussi à enrichir les traditions populaires.
On ne connaît guère de lui que son martyr en 324, sous le règne de l’empereur Dioclétien.
On prête à saint Blaise un don de guérisseur: Il aurait sauvé un enfant qui avait avalé une arête de
poisson. Cela a suffi à en faire le saint qui protège des maladies de la gorge.
On a relaté son amour des animaux qu’il soignait. Cela a suffi pour en faire le patron des
vétérinaires. Il est aussi connu pour protéger le monde contre la foudre et les tempêtes, ainsi que le
rappelle l’inscription qui figure sur la cloche de notre chapelle.

  Saint Blaise de Sébaste