Homélie de la fête de Toussaint 2020

HOMÉLIE du 1° novembre 2020 – Toussaint

9h30 St Marcel les Sauzet – 11h Bonlieu – Père Eric Lorinet

 

Notre situation n’est pas réjouissante : le virus, le confinement et le terrorisme aveugle, tout cela en même temps, il y a de quoi s’interroger, et même pour certains de quoi paniquer. En effet, l’avenir est confus pour la santé, clair mais catastrophique pour l’économie, et compliqué pour le vivre ensemble. Que faire ? Où aller ? Comment réagir ?

Tout d’abord, garder la tête froide : on fait droit à l’émotion mais on n’en reste pas prisonnier ; la raison doit intervenir sans tarder, même si ce n’est pas à la mode. À côté de la Syrie, des pays du Sahel, de l’Irak, du Pakistan et de tant d’autres, le nombre de morts à cause du terrorisme en France est insignifiant, même si la réalité de ce qui se cache derrière ne l’est pas. Et en comparaison du nombre de morts causés par la faim dans le monde, le nombre de morts à cause du virus l’est tout autant, sauf peut-être, si on rajoute les morts liés de près ou de loin aux solutions appliquées. Bref, même si notre monde est fortement secoué, ce n’est pas la fin du monde.

La crise est pourtant réelle et, comme toute crise, elle nous remet en question et révèle ce que nous sommes vraiment. Or, nous sommes chrétiens par notre baptême et nous essayons de coïncider avec cet état par notre vie et notre agir. Et l’évangile d’aujourd’hui tombe pile : face à la grande épreuve dont parle l’Apocalypse et que nous vivons, Jésus propose 8 manières d’être et/ou de faire : l’humilité, la compassion, la douceur, la recherche de la justice, la miséricorde, la pureté de cœur, la fabrication de la paix et la fidélité dans l’épreuve. Vous voyez qu’on est loin de la fermeture, de l’exclusion, du racisme, de la violence, de la peur et de la haine. On pourrait même dire qu’on est à l’opposé… l’obscurité face à la lumière, la facilité du court terme contre l’aridité de la construction qui dure. Du coup, le choix n’est pas facile 1) à faire et 2) à tenir, encore plus dans notre société où le temps n’est trop souvent qu’un temps électoral : je me moque des conséquences à long terme parce que je ne vise rien d’autre que ma propre réélection, quand l’argent ne s’en mêle pas en plus. Or, nous le savons : le côté obscur ne mène pas au bonheur mais au malheur.

Une fois qu’on a dit quoi faire, il reste le plus dur : l’appliquer. Jésus, lui, l’a fait : sa Passion avec tout ce qu’elle comporte de souffrances, le montre. Et elle l’a conduit à la mort c’est à dire à l’échec à court terme et courte vue. Mais notre vue étant longue, nous voyons le dimanche après le vendredi, le triomphe de la vie sur la mort, de l’amour sur la haine et du pardon sur le péché. Il nous faut donc choisir la vie et ce chemin difficile qui y mène. Nous ne sommes pas chargés de sauver le monde, ça c’est le Christ qui l’a fait. Nous, c’est d’abord sur nous-mêmes qu’il faut travailler, avec son aide parce qu’il n’arrête pas de se donner à nous. Vous savez que Dieu donne ce qu’il ordonne : je veux dire qu’en choisissant de le suivre, il va nous aider dans ce combat d’abord intérieur. Les 8 pistes proposées par le Christ dans les Béatitudes doivent en effet être travaillées personnellement et si vous cherchez quoi faire pendant ce confinement, voilà une idée ! L’étape d’après, c’est autour de nous, dans une sorte de contagion vertueuse. Et si tout le monde s’y met, on peut avoir une autre pandémie, celle de la joie d’être fils et filles de Dieu, de le voir, d’obtenir miséricorde, d’être consolés, d’avoir le cœur pur, la terre en héritage et le royaume de Dieu en plus. Ça vaut le coup d’essayer…

Alors, gardons espoir. Vous avez entendu 9 fois ce mot ‘heureux’ dans l’évangile : qu’il nous accompagne et nous aide à vivre en chrétien, bénéficiaire, témoin et canal de l’amour de Dieu pour chacun. Amen.

 

homélie 20_11_01