Homélie du dimanche de la Miséricorde du père Eric Reboul

Homélie dimanche de la Miséricorde, 19 avril 2020
Père Eric Reboul+ 2 ème dimanche de Pâques – Année A

Mot d’accueil 
Frères et sœurs, bonjour et bienvenue à tous.
Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! La même joie pascale que dimanche
dernier est appelée à nous habiter aujourd’hui encore. C’est pourquoi ce 2e dimanche de
Pâques est traditionnellement appelé le dimanche du « Quasi-modo » : « de la même
manière » : vivons cette célébration de la même manière que nous avons vécu celle de
Pâques ! 
Le pape saint Jean-Paul II avait fait de ce jour « le dimanche de la Divine Miséricorde ».
Un dimanche pour rendre grâce au Seigneur de la surabondance de sa Miséricorde ; un
dimanche, aussi, pour la goûter en profondeur, puisqu’une indulgence plénière est
offerte à ceux qui, aujourd’hui, participent à l’Eucharistie, se confessent et prient aux
intentions du Saint-Père, sans oublier l’attention à pratiquer des œuvres de miséricorde :
subvenir aux besoins des plus pauvres, visiter les malades, prier pour les pécheurs.
Plongeons-nous tous ensemble dans la Miséricorde surabondante du Seigneur, en nous
rappelant les paroles de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus : nos péchés sont une goutte
d’eau dans l’océan de la miséricorde divine. Encore nous faut-il vouloir y plonger ; c’est
ce que nous acceptons de vivre ensemble maintenant.

Homélie  
Dimanche dernier, et tout au long de l’octave pascale, nous avons proclamé la
résurrection du Christ et nous avons rendu grâce car, par lui, la mort n’est plus le point
final de l’existence. En ce dimanche de la Divine Miséricorde, nous reconnaissons
particulièrement que, par le même mystère pascal, le péché n’est plus le point final de
nos actes. La vie l’a emporté sur la mort ; la miséricorde l’a emporté sur le péché.
Alors aujourd‘hui, que cette victoire remplisse nos cœurs de joie ! Dieu ne veut pas
notre mort, Dieu ne veut pas nous voir partir loin de lui, Dieu ne veut pas notre
damnation éternelle. Et pour nous le prouver – plus encore : pour nous obtenir la
libération de nos péchés – le Christ nous a ouvert son cœur. Sur la croix, ce cœur qui a
tant aimé le monde a été percé d’une lance ; il s’est grand ouvert sur nous tous !

Avez-vous noté que, par trois fois dans l’Evangile d’aujourd’hui, deux détails
anatomiques du corps du Christ nous sont rapportés : ses mains et son côté. « Vois mes
mains ; avance ta main et mets-là dans mon côté », dit le Sauveur à l’apôtre Thomas… : les mains qui se sont ouvertes sur le monde, pour l’embrasser d’un seul geste, et le côté
qui s’est ouvert sur l’humanité pour déverser les grâces du sacrifice de la croix : il s’agit
pour les disciples de les voir et même de les toucher. Ainsi nous est révélée la
miséricorde de Dieu : nous la touchons du doigt en Jésus-Christ. 
Le mot « miséricorde » vient d’un terme latin signifiant : « un cœur sensible au
malheur, à la misère ». Mais pour vraiment saisir le sens du mot, il faut aller chercher
son origine hébraïque, qui est un pluriel : « Les miséricordes ». En hébreu, « les
miséricordes » sont  « les matrices de la mère », ce qui fait qu’une femme peut donner
la vie. La Miséricorde de Dieu, c’est donc cette tendresse qui unit celle qui engendre et
celui qui est engendré. C’est une tendresse qui donne la vie.
Dieu miséricordieux nous aime donc d’un amour qui nous engendre sans cesse, un
amour qui nous porte à la vie ; et par conséquent, d’un amour qui ne veut pas nous voir
mourir. « Ce n’est pas la mort de l’homme que je veux, dit le Seigneur par la bouche du
prophète Ezéchiel, mais qu’il se convertisse et qu’il vive » (Ez 33,11). La conversion,
rendue possible par la miséricorde divine, est bien un mouvement de vie, alors que le
péché, nous le savons, est un mouvement de mort.
Dieu nous appelle à la vie, son amour nous fait vivre. C’est ce que Benoîte la voyante
du sanctuaire Notre-Dame du Laus a perçu dès la première apparition sur la croix
d’Avançon, en 1669 : « Je ne souffre plus les douleurs de la passion, mais je veux vous
montrer à quel point j’ai aimé le monde », lui révéla le Christ. Sainte Marguerite-Marie
Alacoque, aura, à Paray-le-Monial, une révélation identique du cœur du Christ qui a
aimé jusqu’au bout. 
Et bien plus tard, à partir de 1931, sœur Faustine sera, elle aussi, témoin de cet amour
qui se déverse depuis la croix. Nous lisons ainsi, dans son Petit Journal, ces paroles du
Christ : « Je ne veux pas punir l’humanité endolorie, mais je désire la guérir en
l’étreignant sur mon cœur miséricordieux » (PJ 1588). Le Sauveur révèle encore à la
jeune polonaise : « La perdition est pour l’âme qui veut se perdre ; mais celui qui désire
le salut trouve la mer – l’océan – inépuisable de la miséricorde du Seigneur » (PJ 631).
Sainte Faustine et bien d’autres mystiques nous encouragent à ne pas avoir peur de
Dieu, mais à nous plonger avec confiance dans sa miséricorde. Avec confiance ! 
Saint Thomas reçoit aujourd’hui ce vibrant appel du Ressuscité : « Cesse d’être
incrédule, sois croyant » ! Autrement dit : fais confiance et vois plus haut ! Sœur
Faustine recevra la mission de diffuser cette prière toute simple, mais tellement
essentielle : « Jésus, j’ai confiance en vous ». 

Rien que cette petite prière peut renverser bien des barrières de réticences intérieures et
bien des tentations de désespoir. « Jésus, j’ai confiance en vous ». C’est pourquoi je n’ai
pas peur ; j’ouvre les bras pour accueillir la miséricorde divine, et à mon tour, je veux
faire miséricorde. 

Pour entrer dans ce dessein divin de Miséricorde, la grâce nous offre bien des moyens.
Pour sœur Faustine, ce fut particulièrement l’appel à prier le chapelet de la Divine
Miséricorde, de préférence à 15h, l’heure de la mort du Christ, l’heure de son don total. 
Ces moyens nous aident à reconnaître l’amour de Dieu et à nous unir à sa miséricorde
pour le monde. Car penser bénéficier de la Miséricorde divine sans vouloir entrer dans
cette Miséricorde pour le monde, c’est tout simplement un non-sens : comment
demander quelque chose qu’on n’est pas disposé à donner nous-mêmes ? 
Entrer dans la Miséricorde de Dieu pour le monde, c’est être capables nous-mêmes de
pardonner, mais aussi de nous donner pour que le Seigneur puisse répandre sa
Miséricorde. 
Sœur Faustine dira pour sa part : « Je sens comme si j’avais eu la responsabilité de
toutes les âmes » (PJ 1505). 
Sentons-nous la même responsabilité ? « Ma fille, donne-moi les âmes », entendra
encore la religieuse polonaise. « Tu sauveras plus d’âmes par le sacrifice et la prière
qu’un missionnaire n’en sauverait seulement par des enseignements et des sermons »
(PJ 1767). 
Il vaut mieux donc arrêter les sermons – ce que je vais faire maintenant ! – après nous
avoir encouragé à tout offrir de notre vie à la Miséricorde et pour la Miséricorde. 

Bonne fête de la Miséricorde

Bon temps Pascal
jusqu’à la solennité de la fête de Pentecôte

Homélie dimanche Miséricorde